Pour sa nouvelle librairie- installation One Grand, l’éditeur Aaron Hicklin a demandé à diverses personnalités de nous faire part des 10 livres qu’ils emporteraient avec eux s’ils étaient abandonnés sur une île déserte. Cette fois-ci l’écrivain, et contributeur dans T, Edmund White, partage ses choix avec T.
(Article paru le 25 septembre 2015 avec le titre en anglais: My 10 favorite books: Edmund White. Traduit par Alejandro Labonne).
Lolita par Vladimir Nabokov
Ce livre serait probablement banni aujourd’hui. Même si Humbert Humbert est clairement un méchant, aborder la thématique de la pédophilie est maintenant considéré comme trop transgressif. Mais Nabokov a dû y aller loin pour redimer le roman romantique devenu trivial.
Anna Karénina par Léon Tolstoï
Probablement le plus grand roman jamais écrit de par sa précision psychologique et sociologique sur un large éventail de caractères.Ma scène préférée se produit quand Anna, le lendemain de sa rencontre avec Wronsky, sort de son train à une station de ski dans une tempête de neige – et se heurte à Vronsky!
Un homme au singulier par Christopher Isherwood
Le roman gay révolutionnaire dans lequel le personnage principal, George, est décrit comme sortie du placard et intégré dans la société, et Isherwood ne fait aucun effort pour expliquer « comment il est arrivé là ».
À la recherche du temps perdu par Marcel Proust
Au cours des 10 dernières années, ce magnum opus a éclipsé Ulysses comme le roman le plus influent du 20ème siècle. Proust est un merveilleusement compagnon, ses analyses de la passion et du snobisme et l’effet corrosif du temps sont dévastateurs, mais malgré sa morosité philosophique, sa prose riche et intelligente est exaltante. Lui et George Eliot sont les plus intelligents de tous les auteurs.
Notre-Dame des Fleurs par Jean Genet
Comme Nietzsche, Genet croyait à la «transvaluation de toutes les valeurs», selon laquelle le mal est bon et le laid est beau. Alors que la plupart des écrivains traitaient l’homosexualité comme une maladie, Genet a pris la tache la plus difficile en la reliant au mal, au crime et au péché. Il a inventé la drag queen pour la littérature dans le personnage de Divine dans ce roman.
Quatre Soeurs par Junichiro Tanizaki
Le plus profond et le plus palpitant de tous les romans japonais.Il incarne la sensibilité raffinée et le fardeau historique d’une nation juste à l’aube de la Seconde Guerre mondiale. Les romans de Kawabata, lauréat du prix Nobel, sont également chers à mon cœur, en particulier «Le bruit de la montagne».
Cathay par Ezra Pound
Rien n’est plus beau que ces «traductions» du Chinois, en particulier «La lettre d’un exilé» et «La femme du marchand de rivière».
Phèdre par Platon
Dans lequel le philosophe discute de la meilleure façon d’aimer un garçon et discute de la rhétorique, entre autres choses.
Chéri par Colette
J’ai lu la plupart des 80 romans de ce superbe sensualiste, qui sait tout sur les fleurs, les animaux de compagnie et les hommes, mais c’est son roman le plus satisfaisant en ce qui a trait à l’intrigue et au portrait.
La route étroite vers le nord Lointain par Richard Flanagan
C’est un récent roman de Booker-gagnant avec des ambitions tolstoïennes qui présente les horreurs infligées aux prisonniers de guerre australiens par les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale en Birmanie – et se retourne ensuite et nous donne un portrait compatissant des Japonais vaincus. Un livre distingué par son grand coeur et sa belle langue.
Livres de Edmund White traduits en français :
Oublier Elena 1989
Nocturnes pour le roi de Naples 1983
Les États du Désir : Voyages en Gay Amérique 2002
Un jeune Américain 1984
Le Héros effarouché 1986
L’Écharde 1988
La Tendresse sur la peau 1988
Jean Genet 1993
La Bibliothèque qui brûle 1997
Ecorché vif 1997
La Symphonie des adieux 1998
Marcel Proust 2002
L’Homme marié 2000
Fanny 2004
Mes vies 2006
Hotel de Dream 2007
City Boy 2010
Jack Holmes et son ami 2012
Edmund White, The Art of Fiction No.105 (Paris review)
Edmund White : fils de Rimbaud (Le Monde)
Edmund white:écrire par défaut, par nécessité, puis par plaisir (Le Devoir)